CHANSON                                               elle7 72

Suis-je belle, pour toi ?

Pour tout dire émouvante
et terre à découvrir.

Les senteurs de ma peau
La courbe de mes seins
La douceur de mes hanches
La soie de mes cheveux
Ma bouche désirante
Et ce regard perdu
tricotant l’innocence
d’un ravissement nu
En rêves-tu parfois ?

Suis-je belle, pour toi ?

Suis-je vieille pour toi ?

Mes mains tremblent, défaites
d’épuisements heureux.
Le calme,
suspendu,
comme un ciel arraché
dénude des ténèbres sans rives et sans chemins.

L’éternité nous guette
Par la grâce des jours
S’accomplir est sans nombre.
Y songes-tu parfois ?

Suis-je vieille pour toi ?

Suis-je une enfant pour toi ?

Rieuse et imprévue
maladroite et gracieuse
chantant dans les cafés.

Forteresse cachée
toute armée par l’amour
hantée par l’abandon, l’injustice et la mort
Mais vivante
et guerrière à maîtriser son droit.
L’as-tu senti parfois ?

Suis-je une enfant pour toi ?

suite...

Emmanuelle K

        LE TAS DE BOIS

    La nuit venait, si douce que je m’ensommeillai,
    histoire de me convaincre qu’il n’y avait plus rien
             qu’un au-delà de songes.
    Les pierres me contemplaient, goguenardes,
             lourdes comme le temps.


        Rendez-vous au tas de bois !
     siffla un merle qui passait comme une flèche.
           Cela me réveilla.
             J’y allai.
Le tas de bois était en plein délire.
Il s’était habillé en château médiéval avec donjon, mâchicoulis et échauguettes,
doré par un soleil paumé qui était resté là
   
et je me vis,
    toute petite
    vêtue de moire jaune
    à la plus haute fenêtre de la plus haute tour.

Je n’attendais que moi...

Je levai ma main droite et me mis à chanter d’une voix minuscule, aérienne
    et si claire
            que tout se tut.  

suite...              


Amour AMOUR



les fantômes aux cheveux de cendres se sont enfuis

laissant le monde grand ouvert

Et je suis, sous sa main,
et séduite et rebelle
non pas à lui
mais à la mort.

Car c’est la vie qui nous advient
et je retiens mon souffle
pour ne pas disperser les lignes fluides et inspirées
du paysage qu’elle nous invente
et pour ne pas troubler la force très précieuse
du désir que j’en ai.

Je vais
dormant.
Rêvant
de chevaux doux
de grandes terres brunes noyées,
d’hiver pâle
sur un chemin d’herbes humides et de rivière cachée
avec soleil et vent sous un ciel d’aquarelle délavé
   et subtil

Et je deviens musique
Et sa bouche à ma bouche me fait fermer les yeux.

elle oiseleur

L'OISELEUR

 
 
Il est un secret,
un secret-plaisir
un secret-trouble
un secret-mystère,
émouvant et ténu
vivant et vrai et je le touche
caressante, amoureuse, émerveillée. 
 

Il est présent et cependant insaisissable
comme un secret.
Mais je ne veux pas le saisir
surtout pas.

Le savoir est déjà si fragile...
Et seule la grande nature égale
l’émotion pure que j’ai de lui.

Ce secret là est source généreuse
de tous les soleils fous qui font que la vie bouge
qui font que la beauté dessine
le courage d’être.


Seule je suis,
et j’ai tous les courages
Sorcière ensorcelée par le simple
d’un sourire, d’un regard, d’un sortilège
d’Oiseleur.