Nouvelles ! Extrait du conte l'Oisleur, d'emmanuelle k.

Lecture d'extraits du conte "L'Oiseleur" par emmanuelle k. et François Verly au lieu dit "Les Pianos" à Montreuil le 13 mai 2O19. Extrait 4 : Nouvelles ! http://www.supernovaeditions.com/lois...


AMOUR


Vierge.

Aveugle.
Portes.

sur l’espace nu.

Voir.
Du bout d’un doigt-désir
caresse,
effleure,
épouse
les choses simples.

Regard miroir
voleur fragile
mouvance d’eau
où se défait le monde.

Lumière effilochée

opalescente et drue
du coeur.


protraitovale

Verte harmonie du temps
aux heures brusques.

Feuilles folles du vent
bleu noir
et bondissant.

Longues courbes de terre
pleine et forte
mangée de ciel candide.

Eblouissement d’un rire
à l’aube.

Joie solitaire
du cristal.
                                       suite...

 
 


Un soir d’automne, à Paris.
Sur ma table, un livre, abandonné là par un ami de passage :  “MORT AUX VACHES ET AU CHAMP
D'HONNEUR”, de BENJAMIN PÉRET.

Ce livre, je l'avais rencontré bien des années auparavant.
Un premier écrit de révolte, publié au sein de l’agitation anarcho-situationniste, sous le titre prometteur de “PROLÉGOMÈNES À UN MANIFESTE POUR UNE INTERNATIONALE ARNARCHISTE”, portait en exergue deux petites phrases sybillines, tirées de ce même livre.
Les deux petites phrases disaient ceci :
    "Monsieur Charbon se lamenta :
        Nous avons laissé échapper le coeur.
       Maintenant, nous ne le reverrons plus ici et il sera plus difficile que jamais de le prendre ce soir; il se méfiera.”

Le texte qui suivait cet exergue de Péret, intitulé : “Lavez le pont, Hissez les voiles !” connut une gloire étrange, inattendue : certaines des phrases qu’il contenait furent rééditées, un an plus tard, par les murs de Paris.
Ce soir d’automne là, face à ce livre sur ma table, j’eus le désir de revoir les deux petites phrases restées enfouies là-bas, à l’orée de ma vie de paroles, de ma vie d’écriture.
Je les cherchais, un peu émue, curieuse de ce qu’il y avait avant, après, autour et les trouvai dans “QUI PERD GAGNE“.
    ...Qui perd gagne ?

J’eus tout soudain envie de les écrire, ces petites phrases, avec ma main de maintenant, de vivre le geste de les écrire, de les sentir avec ma main, d’aller y voir.

Ce que j’y ai vu m’a offert “L’OISELEUR”.
Il était là, bien sûr, depuis toujours et très ancien.
Depuis toujours, il cherchait la sortie, tant il est vrai que chaque moment du chemin, chaque période du mouvement fait émerger sa propre parole.

C’était une femme qui disait.
Une femme ancienne, très ancienne.
Cette écriture me surprenait, je ne comprenais pas, elle était “déplacée” : elle se servait de moi.
Pour dire,  pour écrire le conte.
Le conte courtois.
Une tradition de l’ordre féminin.

L’autre moi, quelques années auparavant, disait ainsi :
    “La révolution est morte. Elle a quitté le réel pour se faire une Histoire.
       La révolution est morte et c’est la vie elle-même qui s’en va...”

Quelques temps après, lapidaire, elle proposait :
    "N'avoir rien à perdre, être l'espace du feu..."

Des “PROLÉGOMÈNES” à “L’OISELEUR”, je passais par “QUI PERD GAGNE”.
                                            Ceci éclaire cela.

                                           
emmanuelle k. 
                                              
                              Pour vous offrir le recueil, c’est ici
               


Amour

Qui pleure ?

Poignance fine,
irrésistible,
qui la pénètre toute. 

Amarré au vertige
Le coeur, saisi,
fait défaillir toute pensée. 

Devenue terre,
si doucement couverte,
elle ne sait plus
où se finit le ciel. 


suite...

protraitovale


Suis-je femme pour toi ?

Effarouchée, séduite,
mystérieusement faite
au jeu de ton regard
au charme de tes mains
au désir de ton corps,
Je suis un labyrinthe
dont le fil est l’amour
Et ce fil, tu le tiens.
L'as-tu compris parfois ?

Suis-je femme pour toi ?

Suis-je l’amour pour toi ?

Par la beauté offerte
Par l’âge assassiné

Par l’enfance complice
Par la femme advenue

Par le feu d’obsidienne
du creuset alchimique
où se fond le vase d’or
fabuleux et léger




protraitovale

Par cet or,
révélé

et sur le vol d’un songe obstiné et troublant
m’épouses-tu parfois ?

Suis-je l’amour pour toi ?

L’OISELEUR,
conte courtois